Seitaï |
Dans
une vie "ordinaire", celle que nous connaissons pour la plupart
d’entre nous au quotidien, la sensation d’être vivant se fait en général par
les pensées, nous vivons "dans notre tête". Cela nous rappelle le "Je pense, donc je suis" de Descartes…
Dans l’exercice Seitaï de "Katsugen-Undo", appelé en français "mouvement
régénérateur" par Itsuo TSUDA, qui l’introduisit en France dans les
années 1970, il est hautement recommandé de laisser le ventre se remplir, et la
tête se vider ! C’est au moment où l’on arrive à cet état inhabituel que
l’organisme, dans un élan instinctif, spontané, va pouvoir de lui-même faire
des ajustements pour libérer les tensions, dynamiser les zones "molles", "creuses", de façon à améliorer l’équilibre
de l’ensemble de notre être…
Du point de vue Seitaï, il
n’est donc pas nécessaire d’avoir une qualification ou une connaissance
particulière du corps ou de l’esprit humain pour améliorer sa condition vitale,
mais simplement se laisser emmener par l’action de la vie qui circule en nous,
en lui faisant confiance, car elle sait mieux que tous les manuels ce qui est
bon pour nous.
Vivre dans son ventre, cela
veut dire atteindre un état dans lequel la sensation d’être vivant n’est plus
placé au niveau de la tête, mais au niveau du ventre ! Aussi étrange que
cela puisse paraître pour certains, non familiarisés avec cette expérience, pendant
la pratique du Katsugen-Undo, cela devient une réalité : le ventre prend
une place beaucoup plus importante que d’ordinaire : une densité, une
énergie, un "poids" s’y installe, et la tête devient en effet
beaucoup plus "légère"…
Lorsque nous sommes trop "dans notre
tête", et qu’un poids s’y installe, c’est plutôt une gêne qui s’introduit
dans notre esprit : "ça me prend la tête !" dit-on quand
on n’arrive pas à se défaire d’un problème. Une sensation désagréable
s’accroche alors irrémédiablement dans notre tête pour nous tourmenter…
Au contraire, le poids qui
s’installe dans le ventre pendant le Katsugen-Undo procure une sensation
agréable, de plénitude physique en même temps qu’un apaisement mental.
Ce qui devient, comme
toujours avec le Seitaï, vraiment intéressant, c’est lorsque nous devenons
capable, par l’entraînement, de vivre ce genre de sensation en dehors des
séances d’entraînements, dans notre quotidien, car à ce moment là nous entrons
pour de bon dans la vision Seitaï de l’existence !...
Il arrive parfois, dans des
circonstances extraordinaires, que des individus vivent ce genre de phénomènes
alors qu’ils ne s’y sont pas entraînés. Par exemple dans une situation de
danger, quand nous nous trouvons au pied du mur pour sauver notre existence,
soit la panique nous paralyse et s’en est fini de nous, soit nous "sortons de nos gonds", et réalisons parfois des exploits pour en
réchapper : ce n’est pas l’intelligence, la réflexion qui nous sauve,
c’est l’instinct, un élan vital qui nous pousse sans réfléchir à agir avec
justesse, opiniâtreté…
Sans aller jusqu’à se
retrouver dans des situations extrêmes de survie, il peut nous arriver ce genre
de choses. Une anecdote personnelle pour illustrer notre propos :
Alors que j’étais encore
étudiant, un de mes professeurs nous demandais de faire un devoir sur notre
projet professionnel, de décrire de quelle manière nous envisagerions de
réaliser notre avenir professionnel…
J’étais un peu en retard dans
mon travail sur ce sujet, et je finissais ce devoir sans dormir de la nuit qui
nous séparait du jour où il fallait le rendre (exemple à ne pas suivre
évidemment pour les jeunes qui liraient ces lignes, cela va de soit !...).
Je me suis retrouvé dans un état cette nuit où le flot des mots s’est mis à
couler d’une manière très fluide sur le papier, sans ressentir d’effort
particulier, ma tête n’était pas encombrée, mais libérée, se laissant porter
par l’inspiration du sujet à traiter !... mon professeur m’avait gratifié
à cette occasion d’une excellente note comme j’en ai eu peu…
L’inspiration, sur le plan
physique, quand elle est profonde, est toujours accompagnée par l’action
essentielle du ventre. L’inspiration, sur le plan "énergétique",
c’est le moment où le Ki, cet élan vital, celui qui soutient la vie, profite de
l’action du ventre pour s’engouffrer dans le corps… Nous parlons également de
l’inspiration à propos des artistes qui se retrouvent dans un état de grâce
pour accomplir un chef d’œuvre, d’un trait, comme par enchantement, sans
réfléchir, juste par l’action spontanée vivante de l’instant !…
Avec l’entraînement Seitaï,
nous constatons une fois de plus qu’il est possible de vivre des moments qui
nous sortent de l’ordinaire, du commun, pour entrer dans un monde surprenant,
où la vie apparaît comme une exaltation!…