dimanche 23 août 2015

Vivre dans son ventre.

Seitaï
Dans une vie  "ordinaire", celle que nous connaissons pour la plupart d’entre nous au quotidien, la sensation d’être vivant se fait en général par les pensées, nous vivons "dans notre tête". Cela nous rappelle le "Je pense, donc je suis" de Descartes…

Dans l’exercice Seitaï de "Katsugen-Undo", appelé en français "mouvement régénérateur" par Itsuo TSUDA, qui l’introduisit en France dans les années 1970, il est hautement recommandé de laisser le ventre se remplir, et la tête se vider ! C’est au moment où l’on arrive à cet état inhabituel que l’organisme, dans un élan instinctif, spontané, va pouvoir de lui-même faire des ajustements pour libérer les tensions, dynamiser les zones "molles", "creuses", de façon à améliorer l’équilibre de l’ensemble de notre être…

Du point de vue Seitaï, il n’est donc pas nécessaire d’avoir une qualification ou une connaissance particulière du corps ou de l’esprit humain pour améliorer sa condition vitale, mais simplement se laisser emmener par l’action de la vie qui circule en nous, en lui faisant confiance, car elle sait mieux que tous les manuels ce qui est bon pour nous.

Vivre dans son ventre, cela veut dire atteindre un état dans lequel la sensation d’être vivant n’est plus placé au niveau de la tête, mais au niveau du ventre ! Aussi étrange que cela puisse paraître pour certains, non familiarisés avec cette expérience, pendant la pratique du Katsugen-Undo, cela devient une réalité : le ventre prend une place beaucoup plus importante que d’ordinaire : une densité, une énergie, un "poids" s’y installe, et la tête devient en effet beaucoup plus "légère"…

 Lorsque nous sommes trop "dans notre tête", et qu’un poids s’y installe, c’est plutôt une gêne qui s’introduit dans notre esprit : "ça me prend la tête !" dit-on quand on n’arrive pas à se défaire d’un problème. Une sensation désagréable s’accroche alors irrémédiablement dans notre tête pour nous tourmenter…

Au contraire, le poids qui s’installe dans le ventre pendant le Katsugen-Undo procure une sensation agréable, de plénitude physique en même temps qu’un apaisement mental.

Ce qui devient, comme toujours avec le Seitaï, vraiment intéressant, c’est lorsque nous devenons capable, par l’entraînement, de vivre ce genre de sensation en dehors des séances d’entraînements, dans notre quotidien, car à ce moment là nous entrons pour de bon dans la vision Seitaï de l’existence !...
Il arrive parfois, dans des circonstances extraordinaires, que des individus vivent ce genre de phénomènes alors qu’ils ne s’y sont pas entraînés. Par exemple dans une situation de danger, quand nous nous trouvons au pied du mur pour sauver notre existence, soit la panique nous paralyse et s’en est fini de nous, soit nous "sortons de nos gonds", et réalisons parfois des exploits pour en réchapper : ce n’est pas l’intelligence, la réflexion qui nous sauve, c’est l’instinct, un élan vital qui nous pousse sans réfléchir à agir avec justesse, opiniâtreté…
Sans aller jusqu’à se retrouver dans des situations extrêmes de survie, il peut nous arriver ce genre de choses. Une anecdote personnelle pour illustrer notre propos :
Alors que j’étais encore étudiant, un de mes professeurs nous demandais de faire un devoir sur notre projet professionnel, de décrire de quelle manière nous envisagerions de réaliser notre avenir professionnel…
J’étais un peu en retard dans mon travail sur ce sujet, et je finissais ce devoir sans dormir de la nuit qui nous séparait du jour où il fallait le rendre (exemple à ne pas suivre évidemment pour les jeunes qui liraient ces lignes, cela va de soit !...). Je me suis retrouvé dans un état cette nuit où le flot des mots s’est mis à couler d’une manière très fluide sur le papier, sans ressentir d’effort particulier, ma tête n’était pas encombrée, mais libérée, se laissant porter par l’inspiration du sujet à traiter !... mon professeur m’avait gratifié à cette occasion d’une excellente note comme j’en ai eu peu…

L’inspiration, sur le plan physique, quand elle est profonde, est toujours accompagnée par l’action essentielle du ventre. L’inspiration, sur le plan "énergétique", c’est le moment où le Ki, cet élan vital, celui qui soutient la vie, profite de l’action du ventre pour s’engouffrer dans le corps… Nous parlons également de l’inspiration à propos des artistes qui se retrouvent dans un état de grâce pour accomplir un chef d’œuvre, d’un trait, comme par enchantement, sans réfléchir, juste par l’action spontanée vivante de l’instant !…    


Avec l’entraînement Seitaï, nous constatons une fois de plus qu’il est possible de vivre des moments qui nous sortent de l’ordinaire, du commun, pour entrer dans un monde surprenant, où la vie apparaît comme une exaltation!…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire